mardi 31 octobre 2017

31/10 - Merci Saint-Antoine !

Ce matin, petit déjeuner "universel". Entendez par là ni continental, ni breakfast anglais mais un peu tout à la fois : omelette, crêpe de riz, vache qui rit, confiture d'ananas, pain, café viet, fruits. De quoi tenir jusqu'au soir en tout cas.


La journée sera à dominante touristique, sauf à la fin. On va y venir.

D'abord un arrêt à "Mùa Cave" = la grotte de la danse. C'est aussi (et même surtout) un escalier qui grimpe au sommet d'un piton karstique. D'en haut, superbe paysage de rizières humides.



Puis nous arrivons au site de Tràng An, le véritable nom de ce que nous appelons "la baie d'Halong terrestre", et par conséquent principal spot touristique.

Au vu des immenses parkings et des  échoppes de babioles nous nous attendons au pire...

En fait, non. D'abord on est le matin et il n'y a quasiment personne. Ensuite, le site est immense et a, pour une fois, été pensé en mode "écotourisme". C'est en effet à la rame qu'on s'y promène, dans des barques pour 4 personnes. Pas de moteurs, silence total...






Nous naviguons paisiblement sur des eaux émeraude, et passons de lac en lac par un réseau de grottes, parfois si basses qu'il faut se tasser au fond du bateau pour ne pas se cogner. Notre "rameuse" est toute à son affaire mais très attentionnée. Elle apprécie que nous l'aidions de nos pagaies. On comprendra pourquoi à la fin...

Après 2h30 de promenade silencieuse et quasi solitaire, nous voilà de retour. A l'embarcadère, c'est maintenant l'heure de pointe. Notre rameuse nous dépose rapidement. Pas de temps pour les remerçiements. Elle  reprend aussitôt une place dans la file des barques disponibles. Il y en a 2000 et autant de rameuses (presque pas d'hommes). Nous comprenons pourquoi elle a apprécié le coup de main.



Nous décidons d'aller au "village flottant" de Kênh Gà, à 20 km. Avec les arrêts photos, cela va nous prendre le reste de l'après-midi.




C'est donc à la nuit tombante que nous nous mettons à la recherche d'un hébergement. Ici, pas de tourisme, donc très peu de choix. Nous nous arrêtons au premier Nha Nghi rencontré. Il est très sommaire et pas cher.

La famille qui tient l'établissement est plutôt étonnée : c'est la première fois qu'on leur demande une chambre pour une nuit entière ! Explication : un Nha Nghi est, littéralement, une "maison de repos". Les chambres se louent à l'heure. On peut s'y arrêter pour se reposer, ou bien y venir à deux pour faire autre chose...

Nous ressortons pour dîner. Et là, incroyable, c'est la première fois que çà nous arrive au Vietnam : tout est fermé, rien à manger. Tout est noir dans les rues, à part quelques statues de Saint-Antoine de Padoue, brillament éclairées de guirlandes électriques.

Explication : Nous sommes dans un village 100% catholique et aujourd'hui c'est le 31 octobre. Tout le monde est à la messe.

En  rentrant de la messe, la famille du Nha Nghi nous invite donc spontanément à venir partager le repas du soir. Encore un moment magique et totalement imprévu...



Merci Saint-Antoine !


lundi 30 octobre 2017

30/10 - Va ou le vent te mène, va...

Danse-la, la vie qui t'aime
Au rythme du monde qui va
Oublie les mots qui t'enchaînent
Va où le vent te mène, va
(Angelo Branduardi)

Le vent du Nord a chassé le smog. l'atmosphère est presque claire sur Hanoï. Il ne reste que la poussière des chantiers qui s'envole en tourbillons. Masque et lunettes conseillés.

Nous partons vers Ninh Binh, 80 km au sud de HN. Pour éviter de passer notre temps sur des grandes routes encombrées ou des routes secondaires défoncées, nous avons décidé de prendre le bus. A la gare routière de My Dinh, les vélos ne sont pas les bienvenus. Nous sommes repoussés sans ménagement par l'autoritaire gardien des lieux. Il nous faut aller un peu plus loin attendre le long du périphérique. Trang est en liaison téléphonique avec le chauffeur et ne s'inquiète pas. Nous, on stresse un peu... Plusieurs bus avec écrit "Ninh Binh" passent sans s'arrêter...



Et puis "il" arrive. Un minibus 30 places. Le préposé se précipite. En un clin d'oeil nos vélos sont jetés dans la soute et nos sacoches à l'intérieur. La soute ne ferme pas ? une lanière en caoutchouc et c'est réglé. Pas la place pour le troisième vélo ? il est mis dans le couloir. Et c'est parti. Durée de l'arrêt : moins de deux minutes.



Sur le bus, c'est pas écrit "Ninh Binh".  En fait, il ne va pas à Ninh Binh mais "dans la province de..." Bah, c'est la bonne direction. On verra bien où il nous jette...

C'est parti pour deux heures de route dans un bus sautillant. Les freins font presqu'autant de bruit que le klaxon, actionné quasi en permanence. Le chauffeur doit avoir de la corne au bout du doigt qui fait pouet...

Et son avertisseur a un pouvoir magique. Les ondes sonores dégagent la route devant nous, comme l'étrave d'un bateau fend les flots.

Nous sommes "jetés" au bord de la nationale 1 (QL1). Un petit casse-croûte et nous nous mettons en route. Après une bifurcation, la route devient calme, le vent tiède nous pousse, les paysages karstiques se découpent au loin. Nous approchons. Arrêt photo tous les kilomètres. Moments de calme et de contemplation.








A Tam Coc, retour dans l'ambiance touristique. Nous entrons dans la fameuse "baie d'Ha Long terrestre". Un enchevêtrement de pitons posés sur un fond de vallée tout plat, petites routes cimentées posées sur les digues... Paysage magnifique et pas de côtes : Idéal pour le vélo !

Nous arrivons au "Homestay" que Trang a réservé. Charmant endroit, charmant accueil.

Trang a un vrai talent de journaliste : elle cause à tout le monde, questionne sans cesse et apprend tout sur tout : à quoi servent ces vannes entre deux étangs, s'il y a eu des inondations il y a un mois, qui est le propriétaire de cet hôtel, quelle est sa surface, qui a construit la maison, qui est marié avec qui... Elle donne aussi des conseils de décoration à la famille du Homestay...On ne l'arrête plus !

Ce soir dégustation avec la famille, et alcool de riz fruité.





dimanche 29 octobre 2017

29/10 - Un dimanche à la campagne

Aujourd'hui, un des moments les plus attendus du voyage : nous rendons visite au grand-père paternel de Trang. Il habite le petit village de Lang Tien, pas très loin de Hai Phong.


Départ 6h30. Nous nous entassons à 6 dans la petite Susuki Swift familiale. Nous roulons 1h30 sur une autoroute toute neuve et quasi-déserte. Puis nous retrouvons la circulation vietnamienne "normale". Depuis l'intérieur de la voiture, c'est un autre point de vue. Mais nous ne changeons pourtant pas d'opinion : la prudence et la bienveillance sont bien les deux piliers de la (relative) sécurité routière vietnamienne.



Nous arrivons chez le Grand-Père. Il habite, avec sa femme, une petite maison traditionnelle du Delta : Une grand pièce centrale en 3 parties. Au milieu l'autel des ancêtres et la vitrine avec les souvenirs. De chaque coté des paillasses. A chaque extrêmité une pièce supplémentaire (cuisine ou autre). La maison est très ouverte sur l'extérieur et très ventilée. Un drap tendu sur la terrasse protège du soleil. Le carrelage brillant est récent. Comme toujours, on se déchausse pour entrer.

Une des tantes de Trang habite aussi la maison, avec son fils. Elle est couturière. Son atelier est à côté.

Nous sommes chaleureusement accueillis, malgré la barrière de la langue. Trang joue consciencieusement son rôle d'interprète.

Le Grand-Père est un ancien militaire de carrière, engagé volontaire à 17 ans en 1954. Il a donc connu la fin de la guerre contre les français, puis celle contre les americains, puis enfin contre les Khmers rouges en 1979. Ce petit bonhomme serein et posé a commandé jusqu'à 1000 soldats... La grand-mère, elle, était infirmière pour les armées. Leur vie, qu'on imagine mouvementée, ne les a pas empêché de fonder et d'établir une nombreuse famille, Le grand père en est encore aujourd'hui le "chef", au sens traditionnel, et donc objet d'un très grand respect.

Au mur, les photos en grand uniforme et dans des cadres les nombreuses décorations.

Il a rencontré oncle Ho à plusieurs reprises. Nous sommes donc à deux poignées de main du père de la nation Vietnamienne...

Trang a une mission : se rendre à la maison de l'autre grand-père (maternel), qui est dans le même village. Elle est inhabitée mais soigneusement entretenue par un des fils qui habite à coté. En tant que fils ainé, Il est chargé d'entretenir la maison et l'autel des ancêtres, pour le compte de la fratrie. Trang lui remet les "enveloppes" récoltées la veille auprès des ses oncles et tantes. Le fils en question est un personnage très attachant. Le courant passe très vite. Nous faisons quelques photos. Il les pompe aussitôt sur son ordinateur. Manifestement c'est un "personnage" dans la famille, et c'est peut-être la raison pour laquelle c'est Trang - une personne neutre - qui est choisie pour lui remettre les contributions.






Dans le village, nous sommes plusieurs fois invités à entrer et à boire le thé. Tout le monde connaît la famille. Trang se découvre des cousins qu'elle ne connaissait pas.









Le repas de midi se prend assis par terre. tous les plats sont amenés en même temps sur un grand plateau et chacun picore. Etant donné le nombre de convives, il y a deux plateaux et donc deux cercles : celui des hommes et des invités, et celui des femmes. Nous sommes dans le "premier cercle", à coté de grand père.



A la fin du repas les conversations vont bon train... et tout à coup, tout est débarrassé. Les volets sont fermés, la télé est éteinte. C'est l'heure de la sieste. chacun prend place sur l'une ou l'autre paillasse. Nous faisons de même. Silence total, pénombre, ronflements...



Bientôt le départ... Echange de compliments, salutations. Grand-père nous remercie de nous être occupés de sa petite fille lorsqu'elle était en France et nous souhaite longue vie. Nous le remercions à notre tour. Au dernier moment c'est l'ancien militaire qui palre. Il nous dit : "Nous n'avons jamais été contre les français, seulement contre les colonisateurs"... Ce propos, déjà entendu, fait partie du discours historique officiel. Mais dit ici, par ce petit bonhomme ancien chef de guerre et toujours chef de famille, dans cette petite maison du delta, en se tenant les mains et en se regardant dans les yeux ... Glourp ! çà fait tout drôle.

samedi 28 octobre 2017

28/10 - Code de la route Vietnamien (version complète)

  1. Rouler là où il y a de la place, même un tout petit peu.
     
  2. Surveiller ce qui se passe devant et sur les cotés. Faire confiance aux autres pour ce qui est derrière (Ils font pareil...)
     
  3. Respecter les distances de sécurité, soit environ 1cm.
     
  4. Klaxonner souvent, mais sans agressivité, juste pour dire "je suis là".
     
  5. Lâcher prise et céder le passage. Etre bienveillant et compter sur la bienveillance.
     
  6. Ne jamais s'arrêter, même dans les carrefours. Jamais de mouvements brusques.
     
  7. Pour changer de direction, allonger la trajectoire le plus possible.
    Ah oui : il est permis de tendre le bras ou de mettre son clignotant.
     
  8. Ne jamais être perpendiculaire à la circulation (même pour traverser).
     
  9. Reconnaître les véhicules au bruit :
    - "pîîîp" = moto = on peut discuter.
    - "PWÂÂÂP" = gros camion ou bus = on ne joue pas (sauf avec sa vie)
     
  10. Lorsque vous circulez à contresens, klaxonnez.
     
  11. Fonctionnement des feux tricolores :
    - Vert = je passe mais je fais attention
    - Orange = je passe mais je fais attention
    - Rouge = je peux passer, les autres font attention.
     
  12. Ne pas avoir d'accident.


28/10 - Le développement durable attendra...

Bat Trang est un des nombreux "Village-métiers" autour de Hanoï. Ici, la spécialité est la céramique. Les habitants de la région viennent y acheter leur vaisselle et autres poteries en tout genre, du plus petit bol de riz à la plus gigantesque jarre décorative.

C'est notre destination d'aujourd'hui. 25 km depuis le centre ville, en repassant par le pont Long Bien. Nous y allons avec Trang et son ami Huy.




L'endroit n'étant pas spécialement mis en avant dans les guides, on y verra peu de touristes.

C'est un gigantesque "marché de potiers" comme on dirait chez nous, sauf que là on voit un peu les mêmes choses partout. Manifestement, tout n'est pas fabriqué sur place.



Pourtant, en s'éloignant un peu on déniche des échoppes un peu plus originales.

Nous achetons quelques petits bols et un vase pour la maman de Trang. Grâce à nos deux "négociateurs en chef", nous les payons un prix à peu près normal...



Il y a aussi, un peu à l'écart, un immense four de briques à plusieurs niveaux. Il est parfaitement restauré, et peut-être même encore en service. Il faut bien cela pour cuire des jarres qui font presque 2 mètres de haut !




Nous pique-niquons à l'"écopark". C'est un nouveau quartier pour "classe-moyenne-supérieure". Grandes tours d'habitation ultra-modernes, pratiquement invisibles depuis le sol grâce aux arbres qui les masquent, larges avenues ombragées, peu de circulation, peu de motos, vélos interdits sur les trottoirs et dans les parcs, commerces "propres" et climatisés, klaxon interdits, espaces verts, trottoirs propres : On est dans une publicité !

Le modèle de la banlieue chic...

Cela nous aide à comprendre le sens que les Vietnamiens donnent au mot "écologie" : individualisme, bien être matériel, réussite sociale... rien à voir avec le développement durable !

C'est l'"American way of life". 40 ans après les Yankees ont gagné..

Oncle Ho doit bien se retourner dans son mausolée... Ou pas. Après tout le communisme n'est qu'un moyen et non une fin.

Nous revenons en centre-ville par un pont autoroutier, histoire d'éviter le détour par Long Bien. çà va encore piquer la gorge ce soir...



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Ce soir, retour chez les parents pour le dîner. A chaque repas nous sommes reçus comme des princes. La maman a refait le dessert que nous aimions tant la dernière fois : boule de riz cuit à la vapeur (2 sortes), dans une sauce au miel, avec arachides pilées, graines de sésame et noix de coco rapée. Miam !

Avant de rentrer à Home City, Trang a une mission : récupérer les "enveloppes" de la famille (vous saurez pourquoi au prochain épisode).

Donc, en rentrant nous visitons les tontons et les tatas. A chaque fois nous buvons le thé et mangeons des fruits tout en bavardant.

Enfin à la maison. Il est presque 22h ... Dodo sans tarder car demain départ à 6h pour "un dimanche à la campagne" en famille.

vendredi 27 octobre 2017

27/10 - Merci pour le plein d'énergie (magie du voyage, bis...)

[Vendredi 27]

Deuxième journée tranquille à Hanoï, avec visite du "temple de la littérature", dédié à Confucius, puis shopping et yaourt glacé au café.

Dans la cour il y a une cérémonie de remise de diplôme. La séance photo est très codifiée...



Et à nouveau, un moment magique et imprévu...

Je rentre dans un magasin de photo pour regarder les prix (pas intéressants, soit dit en passant...). Et là nous rencontrons une dame plutôt agée qui regarde les chaussures de Béatrice.



... et c'est parti pour une heure de papotages philosophiques sur la vie, les rencontres, le hasard...

Elle s'appelle Danielle, elle est Bretonne, elle a 77 ans et elle est partie pour 6 mois. Elle voyage seule. C'est une ancienne navigatrice. Elle a perdu son mari il y a 20 ans et depuis elle s'est donné pour objectif de profiter de chaque instant. Elle adore les rencontres, l'imprévu. Son énergie est incroyable...

Elle nous dit le plus grand bien de l'amérique du sud, Pérou, Bolivie, Chili, ... La Carreterra Austral. Elle vient peut-être de nous donner la destination de notre prochain  voyage.

Nous poursuivons la discussion devant un deuxième yaourt-café-glacé...

Elle voyage en bus et souhaite "aller dans les villages". Nous lui conseillons l'itinéraire que nous venons de faire. Je lui transmets le détail des étapes que Quynh m'a envoyé peu avant.

Merci, Danielle, pour le plein d'énergie. Et bon vent !

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Ce soir nous retrouvons Trang chez ses parents pour le dîner. Ensuite, séance photo. Le papa a mis son uniforme de policier.

jeudi 26 octobre 2017

26/10 - Magie du voyage

[Jeudi 26 - soirée]

Nous avons Rendez-vous ce soir avec Quynh à la gare centrale à 19h, pour conclure dignement notre petit périple.

En attendant, direction le quartier central, avec la grande esplanade Staliniene et le mausolée d'Ho Chi Minh. On gare nos "Xe Dap" au parking gardé, comme il se doit.

Le mausolée ne se visite pas. Il est fermé pour travaux. Sur la façade des ouvriers en bleu avec casque jaune font la chaîne pour hisser les pièces d'un échafaudage. ça fera au moins une photo originale...






Nous visitons - rapidement - le parc du palais présidentiel avec les "souvenirs" d'Ho Chi Minh : sa maison, son jardin, ses téléphones, sa table, son lit, sa chaise, ses voitures, etc...

Nous nous amusons beaucoup à regarder les gardes. Normalement, on est dans le "saint des saints" de l'état Vietnamien. On s'attendrait à voir des postures rigides, des tenues impeccables... Mais à part les 2 qui gardent la porte, les autres sont plutôt cools : Ils baillent, sont accoudés aux barrières, regardent leur montre. Mais attention : ça ne les empêche pas de siffler le premier touriste qui fait un pas de travers ou qui franchit la ligne !

En revenant au parking, je vois un mot en anglais sur ma selle : "On a vu vos vélos, on s'est garé à coté. Nous parcourons l'Asie. Si vous voulez nous rencontrer allez voir sur facebook : Charles & Zoé à vélo".

Je vois juste à coté deux "Fahrrad Manufaktur" (des vélos de voyage allemand souvent utilisés par les français) et un casque "go sport". J'en déduis que nous sommes compatriotes. J'écris à mon tour : "RV ce soir 19h à la gare centrale, avenue Lê Duan"

A 19h ils sont là, avec une amie à laquelle ils ont aussi donné rendez-vous. Quynh arrive à son tour. Nous partons tous ensemble déguster un "pho" (un des meilleurs de la ville, selon Quynh). Nous passons un bon moment à évoquer nos voyages, nos expériences...



Puis chacun repart de son coté.

Magie du voyage...

Nous poursuivons la soirée avec Quynh, en bas de son immeuble, dans un salon de thé. Nous évoquons le prochain voyage. Nous aimerions bien nous aussi faire un bout de chemin avec lui quelque part en France ou en Europe. Ce pourrait être l'an prochain.

Nous restons en contact, évidemment...

26/10 - La mécanique des fluides

[Jeudi 26 - Après-midi]

Cet après-midi, c'est Hanoï en mode touriste. Nous reprenons les vélos pour visiter la ville.

Finalement, la circulation dans Hanoï s'avère plus compliquée qu'à Ho Chi Minh Ville il y a deux ans : plus de voitures, rues plus étroites, plus cahotiques.



La circulation des motos c'est comme la mécanique des fluides : tant qu'il y a peu d'obstacles, l'écoulement est laminaire, le débit est régulier même s'il n'est pas rapide. Dès qu'il y a davantage d'obstacles, les motos doivent s'insinuer dans les interstices, l'écoulement devient turbulent, le débit ralentit.

Les voitures au milieu des motos c'est comme les cailloux au milieu d'un torrent : l'eau passe toujours, mais s'il y en a beaucoup, ça finit par faire barrage...

Quynh nous a expliqué que la municipalité veut développer les transports en communs et interdire les taxis, les vélos, et... les motos ! Bon courage...

Il y a bien une ligne de métro aérien en construction, mais le chantier semble à l'arrêt. De toute façon, qui dit transport en commun dit marche à pied. Or, les trottoirs sont impraticables, car absents, défoncés ou encombrés...Et traverser une grande avenue à pied, ça reste quand même une aventure...

La moto ici c'est culturel. J'en vois deux catégories :

- Les "utilitaires" : elles sont équipées pour transporter des marchandises, des animaux, des magasins ambulants, des passagers (les "xe om" = motos-taxis). C'est aussi le véhicule familial : papa, maman et deux voire trois enfants y trouvent place, le plus petit entre les bras du conducteur, et les autres en sandwich derrière.

- Les "urbaines" : plutôt en forme de scooter, avec boîte automatique. pas de marchandises et rarement plus de 2 passagers.

Heureusement, la plupart des moteurs sont à 4 temps : On respire des gaz imbrûlés, du CO, des NOX et des micro-particules, mais pas trop de vapeurs d'huiles (enfin, si les moteurs sont en bon état...). C'est déjà ça.





J'ai remarqué aussi que les motos très souvent n'ont pas de rétroviseurs. Il y a donc une règle non écrite : "occupe-toi de ce qu'il y a devant et sur les cotés, et fait confiance aux autres pour le reste". ça explique aussi - en partie - les coups de klaxon continuels : "Je suis derrière toi. Si tu ne me vois pas, tu m'entends !"

Tout çe système fonctionne sur le respect, la bienveillance, et sans aucune agressivité. C'est sa force...

26/10 - Home City - Hanoï

[jeudi 26 - matin]

Aujourd'hui c'est repos. Nous sommes rentrés au "village vertical" de Home City pour nous reposer et préparer la suite du voyage. Et nous nous grattons la gorge pour évacuer la poussière...






Lavage des affaires, rangement, courses au super-marché, rédiger le blog, décider ce qu'on va faire cet après-midi : voilà bien de quoi occuper une matinée...

J'en profite pour lire les blogs de nos amis voyageurs : Mareva et son frère,  Philippe et Rosy. Je vous invite à cliquer sur les liens et à en faire autant. Chaque voyage est différent, chaque voyage est une aventure personnelle... (à deux, en l'occurence)

Profitons aussi de cette matinée tranquille pour faire un petit point à mi-parcours.

Pour les chiffres, je suis un peu dans le brouillard, car le "farceur" (mon GPS Garmin) m'a encore joué des tours... d'autant que des petits curieux pendant un arrêt ont tapoté partout et tout déréglé...

On a dû faire entre 450 et 500 Km en 8 jours, ce qui donne entre 55 et 60 par jour. Mais le plus marquant, c'est le dénivelé positif, bien que le profil fut globalement descendant. Là encore, pas de chiffres précis mais je pense qu'on est à plus de 1000 par jour. Je suis sûr que Quynh, qui a le souci du détail, aura des statistiques plus précises.

Nous avions envisagé 10 jours pour ce trajet dans les montagnes du nord, finalement nous l'avons fait en 9, dont 1 jour d'arrêt à Sa Pa qui n'était pas prévu.

Pédaler avec Quynh est un vrai bonheur. Nous avons le même rythme, le même rapport au temps, nous recherchons et évitons les mêmes choses... Et puis, avouons-le, cela nous facilite bien la vie quotidienne !

Du coup, nous n'avons pas fait beaucoup de progrès en Vietnamien. Mais quand Quynh raconte notre périple, ce qui arrive souvent, on "chope" quelques mots au passage : "Xe Dap" (vélo), "Phap" (français), "Nam Bay" (57 ans), "Nam Sau" (56 ans).

Lorsque nous faisons l'effort d'utiliser les quelques mots que nous avons appris, nous sommes aussitôt récompensés d'un sourire ou d'une franche poignée de main...

Dans cette partie du pays peu touristique, l'idée de voyager à vélo, et pour le plaisir en plus, reste totalement incongrue. Nous croisons des regards qui vont de la connivence (jeunes qui voyagent à moto) à l'ahurissement complet (personnes âgées).

Sa Pa aura été le seul "spot touristique" sur notre parcours. Nous l'avons trouvée bien loin de l'idée que s'en font les occidentaux, nourris aux photos colorées et souriantes des dépliants et des sites internet. Et c'est tant mieux, car l'authenticité demeure, même si le tourisme change les comportements.

Pour nous, Sa Pa reste avant tout une ville vietnamienne : chaotique, pas finie, animée, sale, bruyante... A la limite, ce sont les hotels-paquebot et autres resort touristiques qui font tâche... Pour combien de temps ?

Quant aux fameuses "minorités ethniques", nul besoin d'aller si loin. Dans toutes les provinces que nous avons traversé, presque jusque dans la plaine, nous croisons les Thai, les Mongs Fleurs, les Mongs Noirs, les Dao, les Lo Lo... Porter la tenue traditionnelle est juste habituel.

Nous avons roulé dans des régions très pauvres, où la vie est dure, où chaque jour semble être le recommencement du précédent. Et pourtant, jamais de mendicité, des téléphones portables et du réseau jusque dans les plus petites vallées, des télés allumées au fond des maisons sur pilotis et à toit de chaume, des boutiques formidablement achalandées dans toutes les petites villes. Chacun fait son business et tâche de vivre dignement, à sa place, même modeste, avec ou sans les touristes.

mercredi 25 octobre 2017

25/10 - Hanoï, digue et smog

[Mercredi 25]

Hier, j'ai bu une boisson au Tamarin. La nuit a été... comment dire... "Pluvio-orageuse".

Si vous ne voyez pas le rapport, je vous invite à vous renseigner sur les propriétés du Tamarin.

... Et si vous n'avez toujours pas compris, vous me copierez cent fois : "Le Tamarin est un puissant laxatif".

Bref, ce matin au petit déjeuner : bananes et coca-cola...

C'est sans énergie que nous avons repris la route pour notre dernière étape.

L'itinéraire prévu évitait la QL32, en coupant droit à travers les terres, ce qui signifie encore un peu de "saute-vallée". Quynh a trouvé une alternative moins vallonnée tout en évitant la grande route. Malheureusement, c'est un itinéraire qui dessert des carrières, et donc emprunté par de gros camions. La route est totalement défoncée. Nous nous protégeons avec le masque anti-poussière. C'est mieux que rien.






Nous arrivons le long de la rivière noire et nous retrouvons la QL32 quelques kilomètres plus loin.

Au village de Duong Lâm, nous visitons une très ancienne maison (classée). Elle date de 1750 et apparemment n'a subi aucune restauration majeure. La pièce principale, largement ouverte, est séparée en trois : à droite la partie pour les visiteurs, au centre l'autel des ancêtres, et à gauche la partie réservée. Elle toujours habitée par la famille. 3 générations y vivent.

Nous sommes reçus par le grand-père, ancien combattant de l'armée du nord, qui nous raconte ses souvenirs... Au mur, des photos de lui en grand uniforme avec ses décorations. Difficile de voir derrière ce papy débonnaire le soldat impitoyable qu'il a dû être... Nous buvons le café et le thé.



Un peu plus loin, c'est Son Tây, ville assez calme car un peu à l'écart de la route. Nous nous arrêtons à la citadelle pour nous restaurer un peu (à nouveau bananes et coca-cola, en ce qui me concerne...)

Dernière ligne droite avant Hanoï : soit l'itinéraire direct par la grande route, soit en suivant les digues du fleuve Rouge. Nous optons pour les digues. Bon choix, car la route est calme (elle n'est pas sur les cartes).

Suivre la digue ne veut pas dire être au bord du fleuve, et je pense que cela n'est pas un hasard. En cas de crue, l'eau s'étale sur une grande largeur. Ce qui limite la hauteur. Et de toute façon ici, le "bord du fleuve" est une notion très floue. Cela dit, cette digue fait quand même par endroit plus de 10 mètres de haut. Il y a un poste de garde à chaque kilomètre. Nous nous arrêtons près de l'un deux. Le gardien sort pour taper la discute et nous proposer des chaises. La surveillance est 24h sur 24 et lui, il est à mi-temps, c'est à dire 12h...

Chose curieuse quand même, normalement une digue sert à délimiter une zone inondable et une zone non inondable. Ici, y a des habitations des deux cotés...

On commence à distinguer les tours de Hanoï dans le smog. Nous quittons la digue et plongeons dans la circulation qui s'intensifie de plus en plus. Encore une dizaine de kilomètres à respirer du gaz d'échappement et nous arrivons.

Au pied de "notre" immeuble, nous quittons Quynh, qui préfère rentrer directement chez lui. Rendez-vous est pris pour demain soir.

Nous retrouvons le confort du Home City. douche et dodo direct.

mardi 24 octobre 2017

24/10 - Jouer à saute-vallées

Nous sommes ce matin à 170km de Hanoï, encore dans un relief très vallonné, même si l'altitude baisse graduellement.








Toute la journée, ça monte et ça descend, on passe d'une petite vallée à la suivante. Lorsque le paysage s'élargit, on se dit "çà y'est on est en plaine. Et progressivement, les crêtes, qui s'étaient éloignées, se rapprochent. La route s'enfonce entre les pentes escarpées. On se dit : "va falloir ressortir de là..." Et la pente s'accentue brutalement. On monte à 5 à l'heure sur le petit braquet, on franchit le "mini-col", on replonge, les crêtes s'éloignent, et çà recommence...

Le temps s'améliore : plus de pluie, une douce chaleur et un petit courant d'air agréable... mais pas de grand soleil, et l'atmosphère saturée empêche toujours de voir clairement le paysage.

A mesure que nous approchons de la plaine de Hanoï, la circulation sur la QL32 s'intensifie, les klaxons aussi. Lorsque 2 bus se croisent à notre hauteur, mieux vaut se faire tout petits.

Sur la route sèche, les camions soulèvent la poussière, qui se mélange à la fumée des braseros et aux gaz d'échappement des motos.

Et dans tout çà, toujours les sourires radieux des écolières, élégantes et fières sur leurs bicyclettes. Elles roulent à notre hauteur pour "essayer sur nous" les phrases d'anglais qu'elles ont appris : Hello ? What's your name ? Where are you from ? On leur répond... Donc çà marche ! Elles éclatent de rire et s'éloignent.

A midi, nous entrons dans ce que nous croyons être une ville immense : Larges avenues 4 voies avec terre-plein central, rond-point surdimensionné, bâtiments administratifs tout neufs... Sauf que c'est quasi désert. Aucune circulation. Silence. Seulement quelques gamins à vélo, qui prennent l'avenue à contresens.


C'est Tân Son, chef lieu du district. à ne pas confondre avec Thanh Son, qui a le statut de "petite ville", où nous serons ce soir.

Nous trouvons un vendeur de "banh-mi" qui nous fabrique trois sandwiches toastés à la poêle, avec omelette, rôti de porc, concombre, et une "garniture" dont je ne trouve pas la composition. Le tout accompagné d'une boisson au Tamarin (Quynh et moi), ou fruit de la passion (Béatrice). On a payé 80 000, soient à peine 3 euros.

Nous arrivons à Thanh Son. La ville, traversée par la QL32, est très animée et donc bruyante.

Quynh trouve un Nha Ghi à l'écart, dans une petite ruelle très calme. C'est vieillot et défraichi, mais il y a l'essentiel : lit confortable, douche, clim, télé, wifi (dans le couloir)... et on est les seuls clients (comme souvent, d'ailleurs).

lundi 23 octobre 2017

23/10 - Roulons sous la pluie...

... Just rouuuulons sous la pluiiiiie,
What a gloooorious feelin'
I'm Haaaappy again,
I'm laughing at rain...

Vous l'aurez compris : même temps qu'hier, c'est à dire alternance de pluie et crachin dans un ciel bouché. On devine les montagnes grandioses, les pics karstiques, plantés dans les vallées, les rizières en terrasse. On les devine, voilà voilà.






Octobre en principe c'est le début de la période sèche. En principe.

Mais bon. On l'a choisi et on n'est pas à plaindre.

Qu'est-ce qu"on fait dans ces cas-là ? On s'habille le moins possible pour garder un max d'affaires sèches. On évite de laver les affaires sales car ça ne sèche pas dans la nuit.

... Et puis on rentre dans sa bulle, on pédale et on est bien... surtout si çà monte, parce qu'on a plus chaud.

Lorsque ça descend, que la visibilité est bonne, que la route est droite, pas boueuse, pas encombrée par les glissements de terrain, pas traversée par les buffles, pas de camion en face, on peut se laisser aller à une pointe de vitesse...

Tiens, justement, en parlant de montées et de descentes...

Les chaînes de montagnes sont orientées en direction de Hanoï, ce qui fait que théoriquement on devrait suivre une vallée et se laisser descendre tranquillement jusqu'à destination.

çà, c'est la théorie. Parce qu'en pratique la route saute d'une vallée à l'autre en permanence, ou bien descend pour traverser un torrent et remonter ensuite.

Aujourd'hui, par exemple, nous sommes passés de l'altitude 650 à l'altitude 200, avec un dénivelé positif cumulé de 1500 mètres !

Notre étape d'aujourd'hui devait nous conduire à Nghia Lo. C'est là qu'un pont a été emporté suite aux pluies torrentielles des semaines précédentes.

Etant donné le temps peu clément, nous avons décidé de pousser 30km plus loin, ce qui fait que nous devrions arriver un jour plus tôt à Hanoï. On verra comment utiliser la fin de la semaine en fonction du temps et de l'horaire d'arrivée de Trang.

Hier soir, on a dîné dans la chambre de l'hotel : Bananes trempées dans le riz jeune.

Ce soir, petit Nha Ghi sympa et pas cher à Tran Phu, au carrefour de la QL32 et de la QL37. Nous ressortons pour dîner dans un restaurant de rue. Apparemment, c'est la fête. Il y a plein de monde, la bière coule à flot.




De temps en temps, quelqu'un vient inhaler une bouffée de fumée dans la pipe à eau. C'est un bambou rempli d'eau. A la base, un petit tube percé dans lequel on met le tabac. Lorsque le fumeur aspire, la fumée passe à travers l'eau. Il paraît que c'est moins nocif... La pipe à eau est en libre service dans la plupart des restaurants de rue, de même que le thé.